Les interprétations de l’analyste
Lacan a défini l’interprétation de l’analyste comme étant, à mi-part, une citation prise dans le texte de l’analysant, et à mi-part, une énigme, c’est à dire une énonciation de l’analyste, autrement dit une irruption, une manifestation de ce qu’il en est de son savoir inconscient. Nul mieux que Reik n’a décrit les mécanismes de cette interprétation en démontrant comment elle ne peut suivre qu’un seul chemin des écoliers, celui de l’inconscient du psychanalyste. Il en décrit trois temps nécessaires : - Dans un premier temps, l’analyste est affecté sans trop savoir pourquoi par ce que lui raconte son analysant. - Dans un second temps, non accessible, ces matériaux sont travaillés par l’inconscient du psychanalyste. Il y a « un façonnement du matériau reçu ». - Puis au troisième temps, ressurgissant un beau jour se produit ce que Reik appelle « l’insight analytique ». Il le définit ainsi : c’est le moment où une idée surgit de l’inconscient, c’est à dire au moment où elle peut être formulée en mots. Cette idée peut être mise en attente d’interprétation, c’est en tout cas ce que recommande Reik. L’analyste ne doit pas se comporter comme un amoureux qui embrasse trop vite sa belle au risque de l’effaroucher. Mais cette idée peut aussi être livrée tout chaude, sur le champ, à l’analysant. Lacan nous dit que l’interprétation « doit être preste ». On peut donc répondre à l’analysant du tac au tac. C’est une question de tact. Il faut que l’analysant puisse être prêt à l’entendre. L’analyste doit donc savoir faire mentir ce dicton, que « toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ». Elles sont en effet toujours bonnes à dire, mais au bon moment.