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Le livre bleu de la psychanalyse
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18 novembre 2006

Feuilles de soins, feuilles de maladie ou feuilles de participation à l'analyse

collier_en_argent_6Certains analystes, c'est un fait bien connu, signent des "feuilles de maladies" car il ne veulent pas demander à l'analysant plus qu'il ne peut payer pour avoir la possibilité de faire une analyse.

La signature de ces feuilles de soins est donc financièrement plus confortable pour l'analyste.  Elle lui assure un revenu plus important et régulier par rapport aux prix des séances que pourrait payer l'analysant, en fonction de ses revenus à lui.  Mais  elles ne sont pas bénéfiques pour l'analysant, en raison de ce statut de malade, de soigné, de patient, qu'elles lui donnent.

Mais elles ne sont pas non plus bénéfiques pour celui qui devrait être en position d'analyste, car lorqu'il signe des feuilles, quoiqu'il puisse en dire, il garde son statut de médecin psychiatre.
Or il faut quand même choisir. Ou on est psychiatre, ou on est analyste, et c'est difficile de jouer sur les deux tableaux à la fois.  Ou on soigne avec des feuilles de soin, ou on analyse.

Je sais bien qu'on va me répondre  " oui mais, même en signant des feuilles de soin,  on écoute".  C'est vrai, pourtant cela ne suffit pas, car le cadre symbolique qui est ainsi posé, pour que l'analysant parle et soit entendu, n'est pas indifférent. Il suffit de lire pour cela avec attention les règles  techniques que Freud a posées concernant les débuts d'une analyse avec le temps et le prix des séances.

Autour de cette question de l'argent, c'est là que l'on retrouve la différence entre l'actif et le passif, entre le participe passé et le participe présent,  entre le soigné et le soignant, entre l'analysé et l'analysant.
L'analyste n'est là que pour permettre à l'analysant de mener à bien ce que Lacan a appelé "la tâche psychanalysante". De cette tâche, il en est responsable, c'est à lui de la mener à bien, même si, par son acte, l'analyste est là pour en créer les conditions. La participation financière de l'analysant, à la mesure de ses moyens, constitue la preuve de son engagement dans ce travail et lui donne les moyens aussi de s'acquitter de sa dette vis-à-vis de l'analyste.
C'est ce à quoi fait obstacle cette pratique issue de la médecine, celle qui consiste à signer ces feuilles de maladie.
Il faudrait donc trouver d'autres solutions : proposer par exemple de débaptiser ses feuilles de maladie et les appeller "Feuilles de participation aux frais de l'analyse". Cela aurait un triple avantage -permettre à tous ceux qui le souhaitent d'entreprendre une analyse mais en la payant en partie de leurs deniers.
- Permettre à l'analyste de gagner sa vie décemment.
- Mais aussi cela pourrait  de mettre fin à la totale gratuité des analyses dans les centres gérés par l'Etat, puisqu'il il pourra être ainsi demandé, ce qui n'est pas possible actuellement - aux analysants de participer eux aussi en argent au travail de leur analyse. "En argent", ce qui évite de devoir payer, comme on dit, "en nature", à savoir au prix de leurs symptômes.

 

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Commentaires
F
Chère Ingrid, ce que j'appelle dans ce contexte l'effet de suggestion, c'est le fait de ne pouvoir pour l'analysant se dégager des effets imaginaires de l'amour de transfert. L'analyse agit avec l'aide de la suggestion, c'est parce que l'analysant aime bien l'analyste, qu'il accepte ces interprétations, mais ce sont jsutement ces interprétations que l'analysant découvre lui-même ou accepte, qui le libèrent pour ainsi dire de cet assujettissement au désir de cet Autre qu'est pour lui l'analyste. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur cette question de la suggestion, mais là ce qui est important c'est le fait que l'argent fait effectivement coupure entre lui et l'analyste, lui rappelle que c'est dans le cadre de l'analyse que tout cela se passe et qu'il est là pour découvrir ce qui a été la cause de ses symptômes, grâce à cet amour de transfert et cette cause se déchiffre avec l'aide des mots. Ce sont eux qui sortent l'analysant de la suggestion. Je ne sais pas si j'ai bien pu répondre à votre question. Liliane.
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J
Bonjour <br /> <br /> Soigner un malade au titre de medecin ne se borne pas a signer des feuilles de soins .<br /> Je considere que le brio d'un analyste , la ou on peut se dire , voila c'est bien a ceux ci que je veux raconter ma vie , c'est bien avec lui que je veux agir pour devenir , est de pouvoir jouer des roles et que sa neutralite bienveillante s'illustre dans cette possibilite de passer de tel personnage a tel autre sans que sa fonction de psychanalyste ne soit affaiblie par ces choix , ces besoins , bien au contraire .Comme il va jouer le role du pere de la mere etc ..dans la projection ? que fait l'analysant il doit pouvoir etre psychiatre , medecin et meme boulanger , pourquoi pas , sans que cela falsifie le travail . <br /> Je crois que Freud a psychanlyse sa fille . Ceci est du meme registre .
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I
Bonjour Liliane<br /> <br /> Qu’est-ce que vous entendez par effets de suggestion, dans ce contexte là ?<br /> <br /> Merci de vos éclaircissements<br /> <br /> Amitiés, Ingrid
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F
Oui je trouve, moi aussi, que le paiement des éances effectue une coupure entre le monde dans lequel nous vivons et ce qui se passe dans le cadre de l'analyse, entre l'analysant et l'analyste. Mais il permet aussi de sortir des effets de suggestion que peut provoquer la situation analytique. Lacan oppose en effet la suggestion, du registre de l'imaginaire, au transfert, en tant que du registre du symbolique. <br /> D'autre part, il est important d'introduire la question de l'argent dans l'analyse en raison de l'importance de ce que Freud a appelé cette "grande équation symbolique" : "merde, argent, cadeau, pénis, enfant". C'est avec cette ééquation symbolique que l'n travaille dans l'analyse, et avec le paiement de la séance, elle est tout de suite sollicitée, mise en jeu. Amicalement. Liliane Fainsilber.
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I
Bonjour chère Liliane<br /> <br /> Je suis une fois de plus d’accord avec ce que vous dites.<br /> <br /> Je voudrais ajouter aussi que pour moi en tant qu’analysante je suis, payer ma psychanalyste c’est une question de place, la mienne et aussi la sienne et que je lui donne d’une certaine manière, et pour qu’elle la garde. Sa place pour moi est d’être psychanalyste.<br /> Sinon, je trouve que c’est tout mélanger dans le réel.<br /> <br /> Amitiés et bon week-end à vous<br /> Ingrid
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Le livre bleu de la psychanalyse
  • Ce blog, écrit par Liliane Fainsilber et David Berton, sera avant tout une invitation à la découverte de la psychanalyse. Le contenu de ce site est identifié auprès de la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2272-54
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