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Le livre bleu de la psychanalyse
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29 décembre 2006

Sous l'emprise de la haine

nouba_lutteurs_bracelets1Après 1920 avec son au-delà du principe du plaisir, Freud effectue un nouveau déchiffrage de la structure d'une névrose obsessionnelle avec ce qu'il appelle "la désintrication des pulsions de vie et de mort".

L'élaboration la plus tardive de Freud concernant cette névrose se trouve donc dans "Le moi et le ça", plus précisément dans deux petits chapitres ayant pour titre "les deux espèces de pulsion", puis " Etats de dépendance du moi", états de dépendance que l'on retrouve dans les névroses et les psychoses. Cet asservissement du moi est lié, nous explique Freud, aux pulsions meurtrières du ça à l'égard de ses objets et à la désapprobation du surmoi à l'égard du moi qu'il rend responsable de tels désirs.

C'est ainsi qu'il décrit les effets dévastateurs de la pulsion de mort lorsqu'elle est à l'œuvre dans la vie de l'obsessionnel sous la forme la pulsion de destruction.

Il vaut donc de prendre la peine de reconstituer les étapes de sa démonstration :

La pulsion de mort,  en se mélangeant à la pulsion de vie,  peut être neutralisée, mais cette neutralisation est très fragile, très relative, puisqu'elle ne protège le sujet qu'en déviant cette pulsion de mort vers l'extérieur sous la forme d'une pulsion de destruction. La composante  sadique de la pulsion sexuelle est ainsi considérée comme "un mélange réussi des pulsions de vie et des pulsions de mort".

Dans le cas des névroses et des psychoses cette réunion, cet amalgame des pulsions de vie et des pulsions de mort ne s'est pas effectuée et la pulsion de destruction trouve alors refuge dans le surmoi qui devenu sadique, persécute alors allègrement et en toute impunité ce pauvre moi du sujet névrosé qui est accablé sous le poids de sa culpabilité.

Freud assure donc là ses premières hypothèses concernant les mécanismes de formation des obsessions, selon lesquelles elles sont toujours de reproches transformés que le sujet s'adresse à lui-même.

A propos de la mélancolie et de la névrose obsessionnelle, Freud écrit que ce qui règne maintenant dans le surmoi c'est une pure culture de la pulsion de mort mais au moins, dans le cas de cette dernière, le sujet est immunisé contre le danger de suicide. Il est en est même mieux protégé que dans le cas de l'hystérie. Freud attribue cette protection inespérée au fait que l'objet de l'obsessionnel est maintenu. Je cite ce passage qui est très important pour saisir ce qui est en question : "Dans la névrose obsessionnelle il est devenu possible par une régression à l'organisation prégénitale infantile que les impulsions amoureuses se transposent en  en impulsion d'agression contre l'objet. Ici la pulsion de destruction a été libérée et cherche à détruire l'objet. Le moi n'a pas pris en lui ces tendances et il lutte contre elles par des formations réactionnelles et des mesures préventives."

Le Surmoi ne s'en laisse pas pour autant compter et continue à reprocher au moi ces désirs de mort à l'égard de l'objet comme s'il en était responsable. "Impuissant des deux côtés, le moi se défend vainement" aussi bien contre ses désirs meurtriers venus du ça que contre les reproches que lui adresse le surmoi.

Voici donc ce que dit Freud de ces difficiles amours de l'obsessionnel en termes bien rudes : "torture systématique de celui qui est pourtant sensé être son objet d'amour et qui par la force des choses devient son objet de haine.

Plus tard Lacan reprendra ce rapport amour haine de l'obsessionnel en l'articulant à cette rencontre décisive du désir de l'Autre et en inscrivant son désir marqué d'impossible du fait même de cette ambivalence sur le graphe du désir sous la forme d'un "d o". Mais ceci mérite un autre développement.

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Le livre bleu de la psychanalyse
  • Ce blog, écrit par Liliane Fainsilber et David Berton, sera avant tout une invitation à la découverte de la psychanalyse. Le contenu de ce site est identifié auprès de la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2272-54
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