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Le livre bleu de la psychanalyse
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31 janvier 2008

A propos de la nécessité des entretiens préliminaires

gpc_work_large_510J’ai trouvé dans un texte de Lacan qui a pour titre « le symptôme »,  une conférence faite  à Genève en octobre 75, quelques lignes qui évoque la nécessité des entretiens préliminaires. Cette question n’est pas souvent abordée, celle de savoir à partir de quand quelqu’un qui vient demander une analyse s’allonge sur le divan. Lacan articule cette question des entretiens préliminaires au nom qu’il a donné à celui qui vient demander une analyse, celui non pas d’analysé, mais d’analysant. A la durée des entretiens préliminaires et de ce qui s’y passe dépendra en effet le fait que l’analysant pourra effectuer sa tache psychanalysante.

Du participe passé au participe présent c’est ainsi qu’il met au travail le dit analysant. Il a la charge de déchiffrer lui-même le sens de ses symptômes et de tracer ainsi la voie de sa guérison en présence de l’analyste à qui il s’adresse mais qui est aussi l’objet de ses cogitations, de par l’effet du transfert.

Il écrit : « Ce que je voulais dire, c’était que dans l’analyse, c’est la personne qui vient formuler une demande d’analyse qui travaille. A condition que vous ne l’ayez pas mise tout de suite sur le divan auquel cas c’est foutu. »

Il précise donc ce qu’il faut attendre,  une nouvelle formulation de sa demande : « il est indispensable que cette demande ait vraiment pris forme avant que vous ne la fassiez étendre. Quand vous lui dites de commencer – et ça ne doit être ni la première, ni la seconde fois, au moins si vous voulez vous comporter dignement – la personne donc, qui a fait cette demande d’analyse, quand elle commence le travail c’est elle qui travaille. Vous n’avez pas du tout à la considérer comme quelqu’un que vous devez pétrir. C’est tout le contraire. Qu’est-ce que vous y faites là ? Cette question est tout ce pour quoi je m’interroge depuis que j’ai commencé ».

Dans ce paragraphe, chaque phrase, chaque mot a son importance. Tout d’abord, ce qu’il en est de la nouvelle formulation de cette demande. De l’expérience que j’ai vécu avec Lacan, de ma démarche analytique, les entretiens préliminaires avaient duré, du souvenir que j’en ai, trois mois. Je pense qu’il y avait entre la première demande et la seconde, la distance qu’il y a entre la signification et le sens, un sens qui pourtant n’est qu’à venir. C’est une énonciation, mais totalement énigmatique, en attente donc de réponse. Il importe que l’analyste puisse l’entendre à ce moment-là. Puisque c’est le moment de commencer l’analyse, allongé sur le divan.

Un autre terme mérité également d’être souligné, celui de « dignement ». Quelle curieuse formulation en effet : «  si vous vous voulez vous comporter dignement ». il s’agit donc de se comporter dignement en tant qu’analyste et pour cela savoir décider du moment où il convient de commencer l’analyse. Il pose donc là la question de l’éthique du psychanalyste, mais pas seulement puisque s’y rajoute cet autre question « qu’est-ce que vous y faites-là ». L’analysant travaille et vous ?

Peut-être qu’à cette question, Lacan a-t-il répondu, très tard en 1978, au moment du congrès sur la transmission de la psychanalyse, avec ce terme tout aussi énigmatique mais fort intéressant celui de « Truquage ».

« Alors comment se fait-il que, par l’opération du signifiant, il y ait des gens qui guérissent ? Car c’est bien de ça qu’il s’agit. C’est un fait qu’il y a des gens qui guérissent. Freud a bien souligné qu’il ne fallait pas que l’analyste soit possédé du désir de guérir ; mais c’est un fait qu’il y a des gens qui guérissent, et qui guérissent de leur névrose, voire de leur perversion.

Comment est-ce que ça est possible ? Malgré tout ce que j’en ai dit à l’occasion, je n’en sais rien. C’est une question de truquage. Comment est-ce qu’on susurre au sujet qui vous vient en analyse quelque chose qui a pour effet de le guérir, c’est là une question d’expérience dans laquelle joue un rôle ce que j’ai appelé le sujet supposé savoir.

En tout cas, dans cette conférence de Genève sur le symptôme, Lacan articule la question des entretiens préliminaires comme constituant les prémisses, et des prémisses à ne pas rater, de la tache psychanalysante. De ces entretiens dépend en effet qu’elle puisse ou non avoir lieu. La forme active ou passive du participe ce verbe,  être analysé ou être analysant en témoigne, indique ces deux choix, ces deux voies, la bonne et la mauvaise.

Il est en effet intéressant de voir que ce simple repérage grammatical prend en compte ce qu’il en est de la suggestion dans l’analyse. Une suggestion qui certes ne peut pas être entièrement éliminée mais qui est, à tout moment, déboutée, quand l’analysant est à même de découvrir ce en quoi c’est son désir inconscient et non pas celui de l’analyste, qui fait valoir  ses droits en demandant à être reconnu.

C’est lui, qui à ce moment là reprend la main.

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Commentaires
F
Où trouve-t-on la réponse à cette question très pertinente ? <br /> <br /> Bien cordialement<br /> Jean-François Ferbos
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F
Où trouve-t-on la réponse à cette question très pertinente ? <br /> <br /> Bien cordialement<br /> Jean-François Ferbos
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I
Bonjour Liliane<br /> <br /> Ca fait longtemps que je ne vous avais pas écrit.<br /> <br /> Est-ce que pour vous le divan est obligatoire pour l'analyse?<br /> Merci de votre avis sur le sujet.<br /> <br /> Amitiés<br /> Ingrid
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Le livre bleu de la psychanalyse
  • Ce blog, écrit par Liliane Fainsilber et David Berton, sera avant tout une invitation à la découverte de la psychanalyse. Le contenu de ce site est identifié auprès de la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2272-54
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