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Le livre bleu de la psychanalyse
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2 février 2008

Psychiatre, psychologue ou psychanalyste, lequel choisir ?

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Psychiatre, psychologue et psychanalyste ont au moins en commun cette qualification : ils s'occupent tous les trois de la souffrance psychique, comme en témoigne une partie de la racine étymologique commune de leur dénomination : la « psyché », l'esprit, l'âme mais aussi celle de « psuché », le souffle, la respiration, la force vitale.

Quelles formes revêt cette souffrance psychique ? Elles sont très variées, elle surgit cette souffrance, sous forme d’angoisses, d’inhibitions, de symptômes physiques, corporels, comme dans l’hystérie, ou de symptômes psychiques, obsessions et phobies. Sous ses formes les plus graves, elle se manifeste aussi par des délires, délires de persécution ou de jalousie ou encore d’érotomanie, mais également par des actes pervers, voire criminels.

Comment pourrions nous définir les fonctions respectives et les méthodes de ces trois spécialistes cités ? Dans une première approche, peut-être pourrions dire que tous trois sont des psychothérapeutes, c'est-à-dire qu’ils soignent les troubles de cette  psyché mais que les moyens utilisés et les buts recherchés ne sont pas les mêmes :

- Le psychiatre vous écoutera et vous parlera, mais ce sera de surcroît, car c'est un médecin : il vous écoutera, vous donnera des paroles d’encouragement mais il vous prescrira des médicaments.

- Le psychologue ou psychothérapeute, vous écoutera et vous parlera, c'est en effet par la parole seule qu'il espère vous guérir de vos symptômes. Mais vous êtes avec lui en face à face, c'est à dire que vous vous parlez à tu et à toi et peut-être est-il ainsi sollicité de vous répondre du tac au tac. C’est par un échange de paroles que vos symptômes disparaîtront.

- Le psychanalyste vous écoutera surtout - et par ses interprétations fort rares - vous permettra de vous guérir vous-même. Vous êtes allongé sur un divan, et le psychanalyste se trouve derrière vous pour n'avoir à prêter attention qu'à vos paroles et également pour se dérober à votre regard, pour mieux s'effacer devant vous. Mais cette première approche est loin d'être suffisante.

Deux termes sont nécessaires pour tenter de différentier ces trois types de thérapeutes, d'une part celui de " guérison " et d'autre part, celui de " suggestion ". Tous trois n'en font pas du tout le même usage.

C'est en effet avec l'aide de ces deux termes que Freud différentie, établit une coupure entre la psychanalyse et les autres formes de thérapies psychiques. "Le procédé psychanalytique, écrit-il, se distingue de tous les procédés de suggestion, de persuasion et autres, en ce qu'il ne veut réprimer chez le patient aucun phénomène psychique par voie d'autorité. Il cherche à pénétrer jusqu'à l'origine du phénomène et à abolir celui-ci par la modification durable de ses conditions de naissance ». Même si le psychanalyste utilise lui aussi la suggestion il ne s’en sert que pour aider l’analysant à « vaincre ses résistances » et donc à découvrir la cause de ses symptômes, cause qui remonte à l’enfance. C’est ainsi que l’analysant réussit cet exploit de pouvoir se guérir lui-même. 

Ceci étant rigoureusement posé,  Freud reconnaît généreusement que tous les moyens " qui aboutissent à la guérison sont bons ", d’autant plus que les psychothérapies permettent souvent d’obtenir des résultats rapides, cependant il justifie aussi son choix de la psychanalyse, comme étant «  celle qui pénètre le plus profondément, qui a la plus grande portée, celle par qui les malades peuvent être le mieux transformés ".

En effet, c’est là où les méthodes de la psychothérapie et de la psychanalyse divergent. Les psychothérapeutes, qui agissent par suggestion, c'est-à-dire par l’influence qu’ils réussissent à exercer sur leurs patients,  visent la guérison « sans se préoccuper de la force et de la signification des symptômes morbides ». Pour eux, ce qui compte c’est que ces symptômes disparaissent. Freud souligne cependant qu’ils reviennent le plus souvent, quelques temps après, éventuellement sous d’autres formes, puisque leur cause n’a pas été éradiquée.

Les psychanalystes ont une autre visée, celle de retrouver les sources inconscientes de ces troubles psychiques qui sont bien sûr, comme toujours, des sources infantiles. "… pour dissoudre les symptômes, écrit Freud, il faut remonter à leurs origines, réveiller le conflit qui leur a donné naissance et orienter ce conflit vers une autre solution, en mettant en œuvre des facteurs qui à l'époque où sont nés les symptômes n'étaient pas à la disposition du malade".

Donc ces trois thérapeutes, en guise de conclusion, soignent, certes chacun avec l’aide de la parole mais, pour le psychiatre, cette parole est un traitement adjuvant, car il prescrit aussi et peut-être surtout, des médicaments. Le psychologue et le psychanalyste soignent, eux exclusivement par la parole, cependant alors que le premier soigne par la suggestion, donc par l’influence bénéfique qu’il peut exercer sur son patient, et vise surtout la guérison des symptômes, leur disparition, le second, l’analyste, laisse à l’analysant, le soin de se guérir lui-même et ce en retrouvant la source infantile de ses symptômes. Par la psychothérapie, le symptôme guérit plus vite mais sa récidive est fréquente. Cependant, même avec une psychanalyse, on ne peut garantir qu’une nouvelle poussée de névrose ne surgira pas, provoquée par  les nouvelles difficultés que les êtres humains peuvent rencontrer dans leur vie, deuil, chagrins, déceptions. Mais il leur restera alors la possibilité de retourner parler à un analyste, pour refaire le chemin  déjà parcouru vers les sources infantiles de leurs symptômes. Ce chemin tracé,   une première fois à la machette, sera,  cette seconde fois, parcouru plus aisément et plus rapidement.

Ceux qui souhaitent, en raison de leurs malaises ou de leurs symptômes,  rencontrer l’un de ces trois psychothérapeutes peuvent également  vouloir savoir  quelle a été  leur formation. Les psychiatres ont eu une formation médicale. Les psychothérapeutes suivent à l’université des études de psychologie. Ils doivent avoir un diplôme de psychologues cliniciens. Les analystes ont, non seulement suivi l’une ou l’autre de ces formations, mais ils ont de plus fait, eux-mêmes,  l’expérience d’une longue psychanalyse, ils ont travaillé les textes qui constitue l’essentiel de la théorie analytique et l’ont mise à l’épreuve de l’expérience clinique. De plus, quand ils décident de devenir, à leur tour  psychanalystes,  ils se doivent de parler avec un autre analyste du travail qu’ils poursuivent avec leurs analysants, pendant encore quelques années. C’est ce qu’on appelle un contrôle ou une supervision. Freud disait qu’il y avait trois métiers impossibles, celui d’éduquer, de gouverner et de psychanalyser. Cette  longue et difficile formation exigée de la part de l’analyste, doit au moins lui permettre d’écouter au mieux ce que lui disent ses analysants, de déchiffrer et donc d’interpréter leurs symptômes avec leur active participation.

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  • Ce blog, écrit par Liliane Fainsilber et David Berton, sera avant tout une invitation à la découverte de la psychanalyse. Le contenu de ce site est identifié auprès de la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2272-54
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