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Le livre bleu de la psychanalyse
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18 novembre 2008

Une relecture de "constructions en analyse"

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Dans "Constructions en analyse", Freud écrit :  "L'intention du travail analytique est d'amener le patient à lever les refoulements des débuts de son développement... pour les remplacer par des réactions qui correspondent à un état de maturité psychique".
L'analyste ne peut travailler pour cela que sur la matière psychique que lui fournit l'analysant, "des fragments de souvenirs contenus de façon déformée dans les rêves", des souvenirs écrans mais aussi "des idées incidentes qui émergent lorsqu'il se laisse aller à l'association libre" et enfin "des actions plus ou moins importantes du patient à l'intérieur ou à l'extérieur de la situation analytique qui mettent en scène avec l'aide du transfert les souvenirs oubliés et favorisent aussi le retour des affects appartenant au refoulé."
Comment avec tous ces matériaux psychiques pouvons nous retrouver le chemin de ces souvenirs perdus ?
Freud utilise, pour décrire sa démarche une métaphore théâtrale: Le travail psychique consiste en deux pièces distinctes qui se jouent sur deux scènes séparées et concernent deux personnages dont chacun est chargé d'un rôle différent".
Dans ce travail, l'analyste devient en quelque sorte le régisseur chargé de maintenir des liens entre les deux scènes, les deux pièces de théâtre qui s'y jouent et surtout entre les protagonistes du drame. Ainsi pour maintenir cette métaphore, lorsque l'analyste communique à son patient les constructions qu'il a échafaudées, il établit pour un court moment un lien entre les deux scénarios.

Mais ces deux scénarios ne peuvent être les mêmes. Freud le précise ainsi :

« Nous savons tous que l'analysé doit être amené à se remémorer quelque chose qu'il a vécu et refoulé, et les conditions dynamiques de ce processus sont si intéressantes qu'en revanche l'autre partie du travail, l'action de l'analyste, est reléguée à l'arrière-plan ».

A noter que cette action de l'analyste, Lacan l'appellera beaucoup plus tard « l'acte analytique » et ce,  pour lui aussi,  l'opposer radicalement à ce qu'il nommera « la tâche psychanalysante » marquant bien le fait que c'est avant tout l'analysant qui travaille, qui entreprend son analyse. 

Il poursuit, à propos de ce qui est la part de l'analyste dans cette tâche :

De tout ce dont il s'agit, l'analyste n'a rien vécu ni refoulé ; quelle est donc  sa tâche ? Il faut que, d'après les indices échappés à l'oubli, il devine ou plus précisément il construise ce qui a été oublié. La façon et le moment de  communiquer ces constructions à l'analysé, l'explication dont l'analyste les accompagne, c'est là ce qui constitue la liaison entre les deux parties du travail analytique, celle de l'analyste, et celle de l'analysé ».

Plus loin dans son texte, Freud précise où se situe la différence entre la construction et l'interprétation.

« Le terme d'interprétation se rapporte à la façon dont on s'occupe d'un élément isolé du matériel, une idée incidente, un acte manqué etc.. Mais on peut parler de construction quand on présente à l'analysé une période oubliée de sa préhistoire, par exemple en ces termes :  "Jusqu'à votre énième année vous vous êtes considéré comme le possesseur unique de votre mère. A ce moment là un deuxième enfant est arrivé et avec lui une forte déception. Votre mère vous a quitté quelques temps et même après, elle ne s'est plus consacré à vous exclusivement. Vos sentiments envers elle sont devenus ambivalents. Votre père a acquis depuis une nouvelle signification pour vous. ..."(2) Est-ce que nous ne voyons pas apparaître là une élégante mise en perspective de toute la structure d'une névrose? Elle se dessine autour de cette rencontre décisive du désir de la mère, dans une confrontation avec un objet rival qui occupe cette place convoitée d'objet du désir de l'Autre. Normalement le père, c'est sa fonction, est là pour débusquer l'enfant de cette place d'objet métonymique de la mère. De par l'interdit de l'inceste il ne pourra plus être l'unique possesseur mais surtout, si on peut dire, l'unique possédé de sa mère. Dans la névrose, ce désir d'être désiré est en partie maintenu. Il doit devenir interdit,  par tout ce qui se met en jeu dans l'analyse,  autour du désir du psychanalyste en tant que tel.

N'est-ce pas aussi ce que Freud commence à faire avec Ernst, dans le journal de cette analyse,  lorsqu'il reconstruit pour lui, les sources oedipiennes de sa haine du père et de son désir de sa mort, en relation avec ses  désirs sensuels pour les gouvernantes, substituts de  sa mère ? 

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  • Ce blog, écrit par Liliane Fainsilber et David Berton, sera avant tout une invitation à la découverte de la psychanalyse. Le contenu de ce site est identifié auprès de la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2272-54
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