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Le livre bleu de la psychanalyse
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26 avril 2010

Sur la structure obsessionnelle avec l'aide d'un mot-valise et d'un porteur.

 

pee228

 

"(...) l'obsessionnel est un homme qui vit dans le signifiant, il y est très solidement installé, il n'y a absolument rien à craindre, ce signifiant suffit pour lui à préserver la dimension de l'autre [Autre], mais c'est une dimension en quelque sorte idôlifiée (...)".(1)

 

En parcourant une fois de plus le séminaire du 18 juin 1958 consacré à la névrose obsessionnelle,  un mot m'a arrété, retranscrit tel quel sur ma version sténo, « idôlifiée ».

 

« Idôlifiée », inconu au bataillon des mots du dictionnaire et pourtant si proche de « idolâtré ». Si proche que la sténotypiste lui a conservé son accent en le déplaçant du â au ô.

Fort  de ma surprise, je décide de le prendre comme une formation de l'inconscient et de laisser venir ce qui vient... ce que Lacan appelle les débrits métonymiques, autant d'effets de sens possibles à partir d'une métaphore.

 

Idôlifiée

Idolâtrée

Solidifiée

Chosifiée

Fiée, de se fier... se fier à une idole. Comme un mot valise, s'y fier à l'idole.

Se fier, s'en remmettre à quelqu'un ou à quelque chose.

Faisons jouer ces derniers débrits avec la phrase de Lacan.

L'obsessionnel donc se fie au grand Autre, trésor des signifiants, comme à une idole, comme à une représentation, une image de Dieu. Il s'en remet à une idole.

 

Ce trésor, on ne le trouve pas comme ça, il faut bien qu'il soit supporté par quelqu'un, un petit autre.
Je me suis alors souvenu de l'épisode de Ernst, l'homme aux rats, au moment ou il ne sait plus à quel saint se vouer, il est comme perdu, ne sachant plus comment s'y prendre pour payer ou non sa fameuse dette du lorgnon, juste avant de rencontrer Freud.

"Lorsque, dans un raisonnement, les arguments se contrebalançaient de la sorte, il [Ernst] se laissait d'ordinaire entraîner par des événements fortuits comme par des jugements de Dieu. C'est pourquoi, quand à la gare un porteur lui demanda: « Pour le train de 10 heures ? », il répondit « oui »".(2)

Ainsi ce porteur est accueilli par Ernst comme un messager de Dieu. Comme le porteur du trésor. Il n'a plus qu'à l'accepter comme tel.

Ce qui est évité dans l'affaire (pour toutes sortes de raisons qui seront articulées avec Freud) c'est la confrontation de l'intéressé avec son propre jugement sur son désir qui nécessite de passer par le fait que cet Autre, le trésor est marqué par le manque (je pense au trésor du laboureur de La Fontaine). Au lieu de cela Ernst se fait objet de cette phrase venue d'un porteur.
Autrement dit il se fie aux signifiants comme à une idole ou encore...  Il idolifie l'Autre.

 

 

David Berton.

 

  1. Lacan, Les formations de l'inconscient, 18 juin 1958, sténotypie, p. 32.

  2. Freud, Journal d'une analyse, troisième séance, p.15.

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  • Ce blog, écrit par Liliane Fainsilber et David Berton, sera avant tout une invitation à la découverte de la psychanalyse. Le contenu de ce site est identifié auprès de la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2272-54
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